LA CONSTRUCTION à CASABLANCA
Photo Chelle |
Ces deux photographies représentent l'aspect de la place du Socco en 1889, aujourd'hui place de France, et le Havre à barcasses. Prises en 1908, ces vues n'auraient pas varié. L'on sait que les travaux du port commencèrent seulement en 1906 et furent interrompus à plusieurs reprises par des insurrections qui furent, en 1907, le point de départ de l'intervention française pour la pacification et le développement du Maroc. Les travaux furent repris en 1908 par l'amorce de la jetée Delure.
Photo Chelle |
1908,
Casablanca est à l'image du Maroc : Une bourgade, que rien si ce n'est le
génie de Lyautey, n'appelait à devenir la plaque tournante de l'Afrique,
prolongement de l'Europe.
1908 :
quelques maisons au milieu d'un marécage, entourées d'un amas de détritus et
d'ordures, pas de voirie, pas d'eau potable.
Photo Audissou |
Le Port de Casablanca. Un des premiers au monde
Photo Rouget |
Vincent Berger
Et déjà, Casablanca s'avère trop petit, congestionné entre le boulevard Circulaire des Crêtes et le port. Déjà, dans le centre, la circulation devient difficile, déjà le problème des parkings à voitures se pose.
Lyautey
lui-même n'avait pas prévu assez grand.
La phrase de
l'Architecte Gabriel :
« Je ne puis établir des plans qu'à mesure que
l'exécution se poursuit» n'est pas plus valable de nos jours pour l'urbanisme,
que pour la construction. Il faut prévoir, prévoir grand et dans le détail.
Quoi qu'il en
soit, la ville a poussé, éclaté, depuis 1908.
L'urbanisme, commencé par Prost,
poursuivi par Courtois sous l'impulsion du Résident Éric Labonne, continué par
Ecochard, a dû s'adapter à cette croissance prodigieuse.
L'immeuble «la Romandie » qui est en voie d'achèvement,
attire particulièrement l'attention du public par ses grandes lignes
horizontales formées de vastes loggias. Il fait partie du plan de construction
d'une importante compagnie immobilière qui assurera l'édification de 36
immeubles composant 1.600 appartements. Un seul immeuble, « la Romandie », a été
prévu à usage commercial. Les constructions seront réalisées sur une vaste
superficie, cent mille mètres carrés de terrain ont été réserves permettant de
vastes dépendances pour jardins et parcs d'enfants. Parmi les entreprises qui participèrent
à sa construction, nous citerons : L'Entreprise MONOD qui exécuta le gros-œuvre,
l'électricité est due à LUMINEX-ECLAIR, la plomberie à T.C.B.I., les éléments préfabriqués
furent réalises par la S.T.I.C., l'étanchéité par la société marocaine EVERSEAL.
Pour une adaptation, le résultat n'est pas mal. Mais c'est maintenant qu'il faut profiter de la leçon, de l'expérience.
Pour une adaptation, le résultat n'est pas mal. Mais c'est maintenant qu'il faut profiter de la leçon, de l'expérience.
Casablanca n'en
est qu'à ses débuts dans le monde. Tenons compte de l'accroissement constant de sa population, estimée aujourd'hui à 700
mille habitants, dont environ 150 mille Européens. Que sera ce chiffre dans
l'avenir si la concentration de la population dans les villes continue à
s'aggraver au détriment de celle de la campagne, si ; comme il y a tout
lieu de le croire, il faut s'attendre à voir la population marocaine dans son
ensemble, doubler en 35 et tripler en 55 ans..
Casablanca est
encore dans l'adolescence. Il faut donc prévoir l'urbanisme futur. Il faut
aussi dans l'immédiat pouvoir satisfaire à cette augmentation de population.
Photo Rouget |
Ces magnifiques photos aériennes
des artistes photographes Flandrin et Rouget, résument l'histoire du centre de Casablanca.
Malgré le coté toujours un peu sec du cliché aérien, la photo de rouget apporte
une sorte de poésie du monde moderne, exaltation des buildings qui situe le
gigantisme nécessaire de tous les Peuples jeunes et contraste avec les vieilles
maisons qui conservent le souvenir de 1907. Des photos de Flandrin, l'une
montre le dégagement qui va s'effectuer pour le prolongement de l'Avenue de la République.
La photographie apparaît l'aspect nouveau qui se présentera
sous peu aux yeux des casablancais par la disparition du « bouchon » que l'on
aperçoit sur la deuxième photo prise en 1933. Sur ces photographies, l’on ne
voit mieux que dans n'importe quel document, l'effort fait par les architectes
et les entrepreneurs pour élargir dans le sens de la hauteur ce point névralgique
de Casablanca qu'est la place de France. Le vieux monde de la Médina, serré,
entassé, frileux dans ces vides de couleur locale, contraste avec l'œuvre magnifique
de La France.
Photo Flandrin |
Casablanca est
encore dans l'adolescence. Il faut donc prévoir l'urbanisme futur. Il faut
aussi dans l'immédiat pouvoir satisfaire à cette augmentation de population.
Photo Bernard Rouget |
L'immeuble
ORTIBA, abréviation d'organisation technique et immobilière du bâtiment et des travaux
publics, est le siège de la chambre syndicale des entrepreneurs français du Maroc.
Notre photographie a été prise lors du Vème congres Nord-Africain du bâtiment
et des travaux publics qui eut lieu à Casablanca du 13 au 18 avril 1953.
Il faut donc
construire. Construire des logements, construire des écoles, construire des
hôpitaux, construire des habitations industrielles en un mot construire pour la
vie de la ville.
Si les
statistiques, pour une fois, ne mentent pas, il aurait été investi dans la
construction proprement dite (sans compter la voirie ni .les achats de terrain)
en 1952 : 18 milliards 500 millions pour 12.000 logements.
Photo Bernard Rouget |
Cet immeuble construit au quartier bourgogne honore les architectes qui l'ont
réalisé. Ils ont fait preuve d'un gout et nous ne serons pas démentis en affirmant
que ces constructions rendent hommage aux urbanistes de notre ville.
De janvier à
septembre 1953 : 14 milliards pour 11.000 logements.
C’est
insuffisant. Cet effort doit s’intensifier, il s’intensifie.
Photo Audissou |
Immeuble
de l'office chérifien des logements militaires dont l'esthétique ne rappelle en
rien celle d'une caserne. Cet immeuble à la fois imposant et élégant, au rez-de-chaussée
fleuri de gais magasins, a été construit par l'entreprise marocaine MARCEL
CONCHON.
Les pouvoirs
Publiques, les employeurs donnent l’exemple. De vastes programmes pour
l’habitat indigène sont prévus, plusieurs dizaines de milliers de logements par
an.
Photo Audissou |
L'immeuble
« Villas Paquet » dont. La magnifique construction s'élève place Nicolas Paquet.
Le gros-œuvre a été exécuté far l'entreprise marocaine de constructions J. C.
STRIBICK ET Cie, les Ets, MEFFRE et Cie fournirent la menuiserie, l'asphaltage
fut réalisé par la S.M.A.
Photo Audissou |
Comme la Gare routière C.T.M.,
l'immeuble « Résidence
Lyautey » est également une réalisation de l'entreprise STRIBICK et Cie, étanchéité
S.M.A. Cet immeuble répond, par la logique de son plan et par les détails de
son aménagement, aux besoins pratiques de la vie actuelle.
Mais comme il faut construire vite et pour le plus grand nombre, il ne
parait pas possible, pour des raisons financières évidentes, s'édifier, des
maintenant, de nouvelles cités modèles, comme Aïn-Chock, ville moderne qui
abrite, actuellement, plus de 15.000 habitants, avec: marché couvert, magasins,
écoles, garderies d'enfants, mosquée, hammam, terrain de sport.
Photo Audissou |
L'immeuble de la Gare routière C.T.M.
en cours d'achèvement. La Gare vient d'être ouverte au public, ce qui va
permettre la démolition de l'ancien bâtiment de la place de France, nécessaire au
dégagement de l'Avenue de la République.
Il faut avant
tout supprimer les conditions d'habitat du bidonville. Il faut le faire le plus
rapidement possible, il faut loger les gens dans des conditions d'hygiène
satisfaisantes et dans des conditions permettant l'amélioration de leur
habitat. C'est ce que les Pouvoirs Publics ont compris et fort bien expliqué
d'ailleurs dans la brochure « Des logements pour les marocains ».