CASABLANCA
Casablanca s'est appelé autrefois Anfa,
ou Anafé, puis Dar Beida. La ville n'a pris son nom actuel qu'au début du 20 ème
siècle. Mais elle devrait s'appeler Lyautey-ville, car cette ville et ce port
ont été voulus par un homme, et réalisés sur son ordre.
C'est pourquoi la statue de Lyautey
se dresse au centre de la plus grande place de Casablanca. Du haut de son
cheval, le maréchal de bronze voit la ville, dont il a fait dessiner le plan,
dont il a parcouru les chantiers; Il devine la présence toute proche du port,
dont il a choisi l'emplacement et qui, depuis 1912, est devenu le poumon
essentiel du Maroc.
1950 Les français, qui découvrent
aujourd'hui le Maroc, ne doivent pas se contenter d'admirer, comme des
touristes qui contemplent un spectacle harmonieux et ordonné. Ils doivent aussi
« imaginer » ce qu'il a fallu d'esprit et d'énergie, d'initiative et de
volonté, pour réaliser cette cité, ces rues et ces immeubles, au milieu
desquels ils se promènent.
Fez, Marrakech, noms prestigieux, cités légendaires de l'Islam, jets d'eau chantant aux vasques de marbre, tonnelles de jasmin, parfums de rose, odeur fraîche de la menthe se mêlant aux doux murmures des samovars ; Rabat, miraculeuse rencontre de la poésie orientale et du génie français... vous offrez, aux yeux et à l'esprit, de faciles enchantements.
Photo couleurs Sixta
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Mais c'est à Casablanca, que bat, d'un rythme puissant, joyeux, accéléré,
le cœur de ce grand et beau pays, dans cette "Métro-polis " ardente,
fière de son labeur, orgueilleuse de sa puissance, impatiente de son magnifique
destin.
Ville tentaculaire, invertébrée, chaotique encore ? c'est vrai ; avec ses
laideurs, ses imperfections, mais aussi, ses nobles architectures, ses
boulevards aristocratiques, et la classique harmonie de sa place
administrative.
Ville de pierre et de fer ? oui, mais ville aussi des parcs à l'ordonnance
impeccable, des squares et des rues fleuries de jardins secrets.
Fief des grandes banques, de la lourde industrie, cité des » businessman »? qui s'en plaindrait quand ils sont en même temps possédés
du désir de faire ici œuvre française, ennoblis d'un idéal humain qui leur inspire
les plus belles réalisations sociales?
Casablanca, et ses restaurants coûteux, ses marchés pléthoriques, le flot
de ses opulentes voitures, son luxe et ses plaisirs, son matérialisme enfin ?
Pourquoi pas ?
Quand se lève une superbe jeunesse entraînée aux joyeuses
disciplines des stades, des courts, des piscines, dorée aux sables des plages,
guidée vers les joies intellectuelles et artistiques, par des mains sûres et
attentives; quand le goût du plaisir se change en élégance et douceur de vivre?
Quand les navires du monde entier, abordant la porte océane ouverte entre deux
civilisations, apportent ou remportent avec leurs précieuses cargaisons, les
bouffées du large, et le rêve infini.
Casablanca, symphonie d'Honegger, brutale, haletante, et comme
dissonante à l'oreille profane, où se mêlerait la romance des beaux jardins
d'Anfa, c'est là son sortilège.
Le Grand Lyautey, ton fondateur, qui, des premiers, connut
ta rive, alors inhospitalière et ton étroite cité somnolente, ne t'eut point
souhaitée différente. Et, qui, par sa spéciale présence, sent bien, à ton accueil confiant et
chaleureux, que ton cœur est fidèle et ton âme généreuse.
Le Port de Casablanca. Photo Belin |
Le Port de Casablanca. Photo Chelle
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Le Port de Casablanca. Photo Chelle |
L’océan gris et furieux, qu'aucun port jamais n'a calmé,
se jette à l'assaut des remparts derrière lesquels somnole Dar-El-Beida.
L'heure du destin français de Casablanca, l'heure de Lyautey et de ses
héroïques prédécesseurs n'a pas encore sonné.
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