mercredi 10 janvier 2018

1949. LES SAISONS MAROCAINES

1949. LES SAISONS MAROCAINES

1949 L’influence atlantique possède des vertus toniques et vivifiants dont est plus ou moins dépourvue la Méditerranée. C'est pourquoi l'on peut annoncer le plus brillant avenir aux diverses plages qui se succèdent sur la côte atlantique du Maroc D'AGADIR jusqu'à Port-Lyautey.

Les chaleurs de l'été ne sont guère supportables au Maroc que sur les hauteurs de l'Atlas ou sur les plages de l'Océan qui jouissent alors d'un climat comparable à celui de la Provence et de la Côte d'Azur.
La lumière seule y est peut-être plus intense, mais la température en est pareillement idéale.


Mazagan. La pergola fleurie du jardin public
Déjà Lyautey voyait en Mazagan le « Deauville » marocain. Aujourd'hui, Aïn-Diab (la plage de Casablanca) possède des clubs et des établissements balnéaires de premier ordre. Et si, près de Port-Lyautey, Mehdia n'en est encore qu'à sa préhistoire, la splendeur de son immense plage de sable, le charme encore sauvage de son arrière-pays, la proximité immédiate de Rabat, permettent de lui prédire sans crainte un proche et prestigieux destin. Cependant, l'été ne sera jamais une saison de grand tourisme au Maroc. A l'intérieur du pays, les chaleurs sont trop violentes. Le paysage chatoyant de fleurs multicolores, hirsute de moissons surabondantes trois mois plus tôt, succombe à partir de juillet sous le feu terrible du soleil africain.








Aussi la pluie, quand elle survient aux approches de l'automne, n’a-t-elle pas au Maroc le même visage triste qu'on peut lui voir dans les régions nordiques.
Nulle mélancolie, nul « spleen », ne s'en dégagent. 
Camp-BOULHAUT. Vendanges marocaines.

Mais une joie violente au contraire, comme sont violentes les averses, une joie qui se reflète aussi bien sur les visages que dans les paysages où reverdissent inespérément les arbustes autour des oueds débordés.La terre se gorge d'eau. Et le ciel, sans lésiner, lui verse d'énormes rasades, des cataractes de cette eau qu'elle a tant souhaitée. Puis, au bout d'un jour ou deux de cette aquatique orgie, dans une atmosphère délicieusement rafraîchie, le soleil reparaît durablement et fait alors chanter les couleurs avec une délicatesse sereine qu'elles ne retrouveront peut-être en nulle autre saison, même au plus exquis de l'hiver.

Aussi peut-on dire que c'est une hérésie (fort répandue, du reste), de penser que le Maroc ne se doit visiter qu'à partir de décembre et jusqu'à la mi-juin.En vérité, la saison des vendanges, pour méconnue qu'elle soit encore, est une des plus belles saisons du Maroc. La relative solitude dont jouit alors le visiteur lui permet de découvrir le pays dans son plus authentique visage. C'est le meilleur moment pour saisir le Maroc dans sa séduisante intimité.

Le début de l'hiver au Maroc donne le signal d'ouverture de 1 la grande saison mondaine.

Marrakech au milieu de ses palmes, de ses oliveraies ceignant les Aguedals, de ses mimosas tout près d'éclore, de ses orangers surchargés de fruits éclatants, Marrakech est la reine incontestée de l'hiver nord-africain. La splendeur du site, une température qui ne descend à peu près jamais au-dessous de 0°, le pittoresque si purement médiéval de la médina, un programme de festivités prestigieuses, tendent d'année en année à faire de Marrakech l'une des stations d'hiver les plus recherchées du monde.
Championnat de ski  du  Maroc à l'Oukaimeden.
 A quelque deux heures de voiture, l'on peut s'adonner aux joies du ski sur les magnifiques pentes neigeuses de l'Oukaimeden. C'est là d'ailleurs que se disputent les championnats de l'Afrique du Nord.
Dans le Moyen Atlas, à proximité de Fès, d'autres stations de sports d'hiver acquièrent pareillement chaque année plus d'importance. C'est Bou Iblane, c'est Azrou, et c'est Ifrane qui, oasis de verdure en été, tout enneigée en hiver, évoque alors mainte charmante station des Alpes.
La joyeuse sérénité des hivers marocains n'enchante pas seulement en montagne, partout elle suscite des impressions d'un exotisme et d'une saveur inoubliables, qu'elle possède la fraîcheur des oranges cueillies sous la neige étincelante ou qu'elle se charge du parfum capiteux des mimosas annonciateurs du printemps

Le printemps éclate au Maroc avec une frénésie qu'on ne saurait traduire. Certes l'on peut bien écrire que « la terre alors se surcharge de fleurs », mais cela n'exprime en rien l'immense floraison délirante de couleurs qui recouvre la campagne marocaine de son dense tapis. Il faut voir ces myriades et ces myriades de fleurs se fondre jusque dans les lointains en nappes inouïes de jaunes, d'orangés, de mauves, de rouges ou de bleus purs. Les peintres eux-mêmes désespèrent d'exprimer cet éblouissement, cette féerie de couleurs jouant dans la lumière incomparable.
AZILAL. Amandiers en fleurs.
Le printemps qui s'étale ainsi dans les plaines, qui éclate dans les oasis, monte pareillement à l'assaut des montagnes où les sous-bois des admirables forêts de cèdres s'enchantent de l'envahissement bleu des iris. Dans les villes, partout les jardins débordent de fleurs et de parfums. Bougainvilliers mauves, pourpres, violets, déferlant en vagues géantes, éclaboussant les murs jusqu'au sommet des maisons, mousse d'or des mimosas, taches rouges des ibiscus et des géraniums à taille d'arbuste formant des buissons, grimpant comme lierre au long des pergolas ; sauges sanglantes, tendres azalées, magnolias immenses, maquis de roses multicolores. C'est l'époque des grandes randonnées touristiques dans le Sud et tout au long de l'Atlantique dont les eaux sous le soleil déjà chaud s'offrent à des bains délicieux, tandis que l'Europe grelotte encore dans ses brumes.

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