HAFÇA
FEMME DE LETTRES ARABE
Née à Grenade | Morte à Marrakech | 586 de l'Hégire ; 1187 de l'ère chrétienne.
Il fut un temps Oullada, Hamda, Hafça
Que
de sourires se dessineront sur nos lèvres !
Quoi ! Des femmes de
lettres pourraient-elles se rencontrer parmi-ces formes humaines couvertes d'une
draperie blanche d'où deux yeux noirs de Kohol et parfois pleins de malice, se
laissent seuls voir, comme à Fez ou à Marrakech, ou moins que cela, une seule
prunelle, comme à Rabat ? Non, hélas ! la grande majorité de ces marocaines
sont illettrées Leurs époux et seigneurs, sous couleur d'assurer leur saint et
de soutenir leur faiblesse, leur ont fait renoncer à toute liberté. Elles
vivent, maintenant, dans une claustration plus ou moins complète, ayant pour
seules ambitions, celles d'avoir un intérieur le plus luxueux possible, d'être
couvertes de lourds bijoux et d'être les seules à régner sur le cœur de leurs maîtres.
Il fut un temps, cependant où les Arabes jouissaient d'une civilisation très
avancée.
Aux
huitième et neuvième siècle de l'ère chrétienne, elle était déjà des plus
brillantes. S'étant mis à l'école des Grecs, les Arabes s'étaient si bien
assimilé les connaissances de leurs maîtres, qu'ils continuaient les œuvres de
leurs devanciers et leurs productions s’étaient frappées du sceau de leur
originalité.
Médecine,
mathématiques, astronomie, sciences, (physiques et-naturelles), histoire,
géographie, philosophie, œuvres poétiques et de prose... florissaient !
Même
essor dans les arts et l'industrie. Point n'est besoin de s'étendre sur ce
sujet, le lecteur le moins averti n'est pas sans connaître l'importance de
cette civilisation.
A
cette époque, la femme arabe recevait une éducation des plus soignées. On lui
enseignait aussi bien la littérature que les sciences, la médecine que la
musique. De plus, les femmes tenaient, pour ainsi dire, salon. Les savants, les
poètes et les fins causeurs avaient accès chez elles et la conversation enjouée
ou sérieuse allait son train.
Si l'Orient peut se vanter d'avoir eu la savante Chohda
ou la fine Zobeïda, la femme de Haroun Er-Rachid, l'Occident, c'est-à-dire
l'Andalousie, peut mettre en avant les noms de Oullada,
Hamda, Hafça... Cette émancipation de la femme n'alla pas sans quelque relâchement
dans les mœurs. « Oullada était, dit Ibn-Bassam, la première femme de son
temps.
Son
allure libre, son dédain des voiles témoignaient de sa nature ardente. C’était
d'ailleurs le meilleur moyen de montrer des qualités intérieures, et plastiques
remarquables, la douceur de son visage et de son caractère.
Sa
maison à Cordoue, était le lieu de réunion de tous les gens bien nés de la
capitale. Son salon était le champ clos où luttaient poètes et prosateurs. Les
lettres se dirigeaient vers la lumière de cette nouvelle lune brillante comme
vers le phare de la nui... » (Cour. Ibn Zaïdoun.)
Cette
Oullada, qui répondait à des poèmes par des poèmes, était princesse.
A
la mort du Calife Omeyade Mohammed el Mostakfi, son père, elle délaissa le
gynécée et vécut à sa guise, ouvrant la porte de sa maison à la meilleure
société de Cordoue. Elle illustra bien des passions, et l'amour qu'elle fit
naître dans le cœur d'Ibn Zaïdoun a fait écrire à ce poète des vers qui sont
une des plus belles parures de la littérature arabe d'Espagne.
Quoique
les sultans du. Maroc aient été amenés à différentes reprises à gouverner
l'Andalousie et que tous les personnages célèbres dans un pays, ont eu leur
réputation légalement établie dans l'antre, en voici une des femmes de lettres
arabes de l'Andalousie, celle qui est venue finir sa vie à Marrakech ; en
l'année 586 de l’Hégire ; (1187 de l'ère chrétienne).
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