jeudi 7 décembre 2017

Le Quartier des Habous



Le Quartier des Habous



Les Habous.

On considérait l'Administration des Habous comme une sorte d'institution de bienfaisance chargée de l'assistance publique musulmane. 
Il n'en est rien.
Suivant les volontés des fondateurs, elle se doit de veiller à ce que les revenus du vaste patrimoine confié à ses soins reçoivent bien la destination prévue par les actes constitutifs dont fort peu, d'ailleurs, ont un but de pure bienfaisance.
Quoiqu'il en soit, et tout en remplissant strictement une partie essentielle de ses attributions, l'administration des Habous n'a jamais marchandé son concours au Protectorat lorsque l'occasion s'est présentée de concilier les devoirs de sa gestion avec l'entreprise d'une œuvre philanthropique intéressant les locaux.


Entrée du quartier Habous de Casablanca.

C'est ainsi qu'elle n'a pas hésité à construire à Casablanca, à proximité de la route de Médiouna, tout un quartier de maisons bon marché. Frappée, en 1915, de la condition misérable des nombreux ouvriers et petits artisans marocains que l'ère des grands travaux appelait à Casablanca et qui, faute de locaux dans la Médina, devaient se contenter de tentes et de noualas sordides, la Municipalité conçut le projet de faire édifier, à leur usage, des maisons d'habitation à bon marché en harmonie avec les goûts et les habitudes des futurs occupants

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Les maisons du quartier des Habous de Casablanca.

Elle voyait aussi là un moyen, tout en décongestionnant la Médina, où la crise du logement sévissait déjà à l’état aigu, de grouper, en un lieu unique, une population flottante de plus en plus nombreuse qu'il serait plus facile de surveiller.
Il lui fut malheureusement impossible, faute de disponibilités financières, de mettre elle-même son intéressant, projet à exécution et l'appel qu'elle fit, dans ce but, à l'initiative privée resta sans écho.
Le projet, ainsi ajourné, fut repris, en 1917 par les Habous, à qui l'Administration supérieure avait songé à recourir.
Séduits par le côté philanthropique de l'affaire, ceux-ci donnèrent immédiatement leur pleine adhésion. Mais il fallait trouver un terrain approprié, car aucun de ceux appartenant aux Habous de Casablanca ne pouvait convenir.
M. Bendahan, propriétaire de vastes terrains en bordure de la route de Médiouna, au Sud du Palais du Sultan, et dont tous les anciens Casablancais ont apprécié la largeur de vues et le désintéressement, devait aider à la solution du problème.
Il voulut bien céder à titre gratuit, aux Habous, une parcelle de 4 hectares et leur donner option, pour un prix très réduit, sur un autre terrain limitrophe de 5 hectares, ce qui, l'option levée, rendait, les Fondations Pieuses propriétaires, à cet endroit de 9 hectares se prêtant parfaitement à la destination envisagée.
Comme contrepartie, les Habous s'engageaient à construire immédiatement 40 maisons.
Sans perdre de temps, et d'accord avec la Municipalité qui prenait à sa charge les travaux de voirie, ils se mirent à l'œuvre.


Une visite dans le quartier des Habous de Casablanca.

Malgré les difficultés de toute nature auxquelles ils se sont heurtés pendant la période de crise qui suivit la guerre, d'intéressants résultats ont été obtenus et l'on comptait, dans le nouveau quartier, 150 maisons, 65 boutiques, un four un moulin, un café maure et un vaste fondouk représentant, une dépense de plus d'un million et demi.
Tout en répondant aux règles de l'hygiène, ces immeubles, édifiés sur les plans de M. Cadet, architecte des Habous, sont agencés suivant les goûts de la clientèle à laquelle ils sont destinés et parfaitement, adaptés à leurs mœurs.
Cela explique la faveur dont ils jouissent parmi les marocains, indépendamment du prix de location en général peu élevé. Les maisons comprennent deux ou trois pièces, avec W.-C., cuisine et un petit patio aménagé pour recevoir des plantations. 
Le fondouk, reproduction fidèle des anciennes hôtelleries indigènes, le moulin, où un locataire avisé a installé une meunerie moderne, le four, sont très appréciés des habitants du quartier.
Plusieurs boutiques ont été agencées spécialement à l'usage des petits artisans : forgerons, serruriers, teinturiers, pour attirer dans l'important groupement urbain de la route de Médiouna, les corps de métiers qui y font défaut.

Un coin où les habitants flânent volontiers du quartier des Habous de Casablanca.

Là ne se bornera d'ailleurs pas l'effort des Habous. A leur programme de 1923 figure la construction d'une vaste Mosquée, d'une Kissaria, d'une cinquantaine de nouvelles maisons et d'une vingtaine de boutiques. Ces travaux, présentant, une dépense totale de plus d'un million, ont été mis à l'adjudication et seront incessamment commencés.




Photo. Chelle

Pour les années suivantes, et jusqu'à ce que la totalité du terrain soit utilisée, toutes les disponibilités des Fondations Pieuses de Casablanca seront employées à l'édification de nouvelles constructions dont le nombre ne sera jamais trop élevé pour recevoir les indigènes du bled qui s'installent volontiers à Casablanca, et ceux qui abandonnent l'ancienne ville pour les quartiers plus calmes de Mers Sultan.
Elle témoigne, une fois de plus, de la sollicitude pour ses sujets de S. M. Chérifienne qui préside, comme on le sait, aux destinées des Fondations Pieuses et qui suit, avec le plus bienveillant intérêt, le développement, autour de son Palais, d'une agglomération purement musulmane.

Mosquée Sidi-Mohammed-ben-Youssef.

Inaugurée le 12 juin 1936 par le jeune sultan Sidi Mohamed
Auguste Cadet a particulièrement soigné les éléments décoratifs (bois sculpté, gebs, etc.) du mihrab et du minbar qu’il savait être les pièces maîtresses de toute mosquée.
La mosquée Sidi Mohammed, bien que récente, devient très vite la mosquée la plus prestigieuse de la ville, grâce à ses proportions, à sa décoration somptueuse.


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